Ronde de nuit

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- Les Chroniques de San Francisco d’Amistead Maupin
- Le dilemme du prisonnier de Richard Powers
- Un mensonge explosif de Christophe Reydi-Gramond
- Underground de Haruki Murakami
- Le mystère de la rue des Saints-Pères de Claude Izner

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Mot de l'éditeur

Dans un Londres écrase par le feu du Blitz se cache une autre guerre, celle des amours illicites, des trahisons et des espoirs brisés. Quel fantôme du passé hante Helen qui subit, désemparée, le lent délitement de sa liaison interdite avec Julia. Pour quelles raisons Kay erre-t-elle désormais, inconsolable, dans les rues de la ville. Pourquoi Viv, une jeune femme douce et glamour, ne parvient-elle pas à quitter son amant, un ancien soldat marié et père de famille. La guerre a brassé ces destins qui avancent à tâtons pour reprendre leurs marques. Et pour beaucoup d'entre eux, la voie du bonheur dans un monde enfin apaisé va être aussi dangereuse qu'un tapis de bombes.

«Avec Ronde de nuit, Sarah Waters, libérée des passions subversives dont elle a arpenté tous les chemins, excelle dans une saga parfaitement ficelée, un roman de guerre où l'amour et les secrets surgissent du brouillard, entre les bombes.»

Astrid Eliard, Le Figaro

Née en 1966 au pays de Galles, Sarah Waters a été libraire, puis enseignante. Dès son premier roman, Caresser le velours, qui a été adapté à la télévision par la BBC, elle devient l'égérie des milieux gays. Avec son deuxième roman, Affinités, elle obtient le prix du Jeune Écrivain de l'année 2000 délivré par le Sunday Times. La publication de son troisième roman, Du bout des doigts, qui a remporté le Somerset Maugham Prize, marque sa consécration. Élue «auteur de l'année» par le Sunday Times, elle reçoit en 2003 le prix des Libraires et le British Book Awards, et figure sur la liste des «vingt meilleurs jeunes romanciers anglais» établie par la revue Granta. Sarah Waters vit aujourd'hui à Londres. Ronde de nuit est son dernier roman paru.

Extrait du livre :
DES REGARDS DANGEREUX

URSULA WARING présente le nouveau et passionnant roman de Julia Standing, «Les yeux brillants du danger», dans «Enquête au coin du feu» vendredi soir à 22 h 10

L'article, sur plusieurs colonnes, offrait un compte rendu du roman, en termes dithyrambiques. Au-dessus, une photo de Julia. visage penché, yeux baissés, mains jointes contre la joue.
Viv l'observa avec une vague antipathie. elle avait rencontré Julia une seule fois, dans la rue, et ne l'avait guère appréciée. Elle avait un côté trop sûr de soi, avait serré la main de Viv comme Helen les présentait, mais sans un «bonjour», sans un «enchantée de faire votre connaissance», rien de tout cela ; au lieu de quoi, elle avait demandé tranquillement, comme si elles se connaissaient depuis des années. «Bonne journée. Vous avez fait combien de mariages ?» «Combien de malheureux, voulez-vous dire ?» avait répondu Viv ; sur quoi elle avait ri, comme si la plaisanterie venait d'elle-même, et ajouté «de malheureux, absolument. » Son ton de voix était chic, mais son langage négligé. «. tout foutu en l'air», «complètement zinzin». Et Viv ne voyait pas du tout en quoi Helen, si gentille, la trouvait aimable à ce point - mais bon, c'était leur affaire. Viv décida de penser à autre chose.
Elle reposa le magazine avec les autres et s'éloigna. Plus trace du jeune homme qui chantonnait pour attirer son attention. L'horloge indiquait dix heures vingt-huit. Elle traversa le hall, se dirigeant non pas vers les quais, mais vers la sortie. Elle demeura immobile contre un pilier, observant la rue ; serra son manteau contre elle, car le froid commençait de la gagner, à être restée si longtemps immobile.
Un instant plus tard, une auto s'arrêta lentement le long du trottoir ; elle s'immobilisa à quelques mètres, à l'écart de la vive lumière de la station de métro. Elle aperçut le chauffeur au passage, tête baissée, qui essayait de la repérer. Il avait un beau visage inquiet, inconsolable. elle se surprit à ressentir ce qu'elle avait ressenti envers Duncan plus tôt dans la soirée ; le même mélange d'amour et d'exaspération. Mais il y avait aussi de l'excitation derrière l'exaspération. de nouveau elle montait en elle, se faisait aiguë. Elle jeta un bref regard dans un sens, dans l'autre, puis courut presque jusqu'à la portière du passager. Reggie se pencha pour l'ouvrir ; et comme elle montait dans l'auto, il tendit la main vers son visage et l'embrassa.